Une nouvelle phase géologique
Le terme « Anthropocène » apparait dès l’année 2000 lorsque le biologiste américain Eugène F. Stoermer et le chimiste Josef Crutzen évoquent pour la première fois l’Anthropocène comme une nouvelle phase géologique qui apparaitrait avec le début de la révolution industrielle du XIXème siècle. Depuis près de 12 000 ans, l’Homme, tel que nous le connaissons, évoluait dans l’époque de l’Holocène et faisait partie, d’un point de vue acoustique, d’une catégorie imbriquée dans la biophonie : l’Anthropophonie (les sons d’origine humaine).
Avec l’apparition de l’Homme, la place de la géophonie et de la biophonie est modifiée dans le paysage sonore. La biophonie est déjà particulièrement riche avec une multitude d’organismes vivants vocalisateurs. Selon Q. Arnoux dans son livre Ecouter l’Anthropocène, « la relation initiale que l’être humain développe avec les paysages sonores est une relation d’adaptation, d’écoute et d’inspiration ».
Krause décrivait les liens acoustiques entre l’apparition sonore de l’espèce humaine avec les paysages sonores déjà en place comme : « Le processus interactif élaboré par lequel chaque voix animale trouvait une fréquence ou une plage horaire disponible n’a certainement pas échappé à l’esprit méthodique de nos ancêtres. Il a dû servir de modèle à partir duquel arranger nos propres sons, former notre voix et nos premiers instruments ».
De nouvelles productions acoustiques
Chaque espèce vocalisatrice (l’Homme y compris) se partage alors un très large spectre sonore, bien plus étendu que les performances de l’oreille humaine. Mais l’Homme, de par son évolution, se met à créer de nouveaux sons qui ne résultent plus de sa propre vocalisation par un système d’onomatopées comme le décrivait B. Krause, mais de sa propre activité au sens large. Le langage et la musique devenant une identification acoustique propre à l’être humain, l’Anthropophonie devient alors une composante à part entière du paysage sonore terrestre.
Avec le début de l’ère Industrielle et la croissance moderniste constante des civilisations occidentales, les sons d’origines mécaniques sont de plus en plus présents sur Terre. Cette nouvelle production acoustique n’est pas seulement une composante de plus dans le paysage sonore, elle s’impose de par son intensité et sa durée ; masquant alors de nombreuses couches acoustiques. L’apparition de cette nouvelle couche acoustique, souvent décrite comme de la « pollution sonore », se nomme la Technophonie. Les avions, les trains, les industries, les outils mécaniques, etc… forment une couche sonore qui empiètent au gré de la croissance industrielle de l’homme sur la Biophonie ainsi que sur l’Anthropophonie.