Sommaire du guide 📖

1. Introduction sur l’étude

Face aux enjeux croissants d’efficacité énergétique, motivés à la fois par les nouvelles réglementations et les potentielles économies financières, Sinteo capitalise sur les données énergétiques et carbones issues des audits énergétiques des bâtiments tertiaires et résidentiels par l’intermédiaire de notre nouvel outil interne.


Notre benchmark interne ne se limite pas à la simple collecte de la consommation énergétique globale des bâtiments ; il prend également en compte l’ensemble des facteurs qui influencent les performances énergétiques et carbones du bâtiment (année de construction, typologie, types d’équipements, etc.) et permet d’analyser les consommations par postes (CVC, éclairage, ECS, etc.).

Quelles utilités ?

Evaluation la consommation moyenne d'un bâtiment

Selon sa date de construction/rénovation, la localisation, ses équipements, etc.

Connaitre la consommation de chaque poste

Chauffage, climatisation, ventilation, éclairage, bureautique, serveurs, etc.

Comparer les données de consommations

Selon différents critères comme la typologie : logements, bureaux, hôtels

La connaissance de la répartition des consommations permet d’identifier les priorités d’intervention, d’estimer les économies potentielles et de guider les décisions d’investissement, particulièrement pour les grands patrimoines immobiliers. Cependant, ces ratios de consommations ne se substituent pas aux audits énergétiques qui prennent en compte les particularités de chaque bâtiment.

Rappels réglementaires

Dispositif Eco-Energie Tertiaire : Le décret tertiaire impose aux propriétaires et occupants de bâtiments tertiaires de plus de 1 000 m² de réduire leur consommation d'énergie finale de 40% d'ici 2030, 50% d'ici 2040 et 60% d'ici 2050 par rapport à une année de référence ou d’atteindre un objectif de consommation ambitieux. Pour atteindre ces objectifs, les assujettis doivent mettre en place des actions d'efficacité énergétique et déclarer annuellement leurs consommations sur la plateforme OPERAT.

2. Ce qu’il faut retenir du benchmark – les chiffres clés – focus sur les batiments de bureaux

Sinteo réalise des audits énergétiques pour toutes les typologies de bâtiments, la principale étant les bureaux. Actuellement, les données sont basées sur la collecte de 283 audits énergétiques réalisés depuis 2020 (les plus exploitables). Dans le cas d’une rénovation lourde (enveloppe & CVC), le site est daté de l’année de rénovation pour le benchmark.
Cet article de blog se concentre donc sur les données relatives aux bâtiments de bureaux, soit 205 actifs à ce jour, réparti en France métropolitaine.
Répartition géographique des 205 actifs de bureaux de référence

2.1 -> Répartition des consommations par poste

La répartition moyenne des consommations par poste permet d’identifier les gisements d’économie d’énergie les plus importants qui peuvent être réalisés en fonction de la typologie de chaque site. Il est présenté ci-dessous un diagramme avec la part de chaque poste ainsi que la consommation d’énergie finale par m² sur une année (kWhEF/m²).

Figure 1 : Répartition des consommations par poste – bureaux – toutes années confondues (en kWhEF/m²)

Analyse

Sans surprise, le chauffage est le poste le plus consommateur dans les bâtiments de bureaux. Il représente en moyenne 34% des consommations d’un site avec 56 kWh/ m² (tous types d’énergie confondues).

Par conséquent, les gisements d’économie d’énergie sont généralement le plus importants pour ce poste. Cela passe par des actions de sobriété énergétique en premier lieu (température de consigne optimisées, plannings horaires adaptés, etc.) puis par des actions d’efficacité énergétique (installations de pompes à chaleur, isolation des réseaux et du bâti, récupération de chaleur via de la ventilation double-flux, bonne régulation des équipements, etc.).

Toutefois, pour réaliser des économies d’énergie significatives, la rénovation globale s’avère nettement plus efficace que des améliorations fragmentées.

La climatisation est le deuxième poste de consommation, il représente en moyenne 12 % des consommations d’un bâtiment de bureaux. C’est un poste qui est amené à augmenter étant donné les changements climatiques et le sous-dimensionnement déjà constaté sur certains bâtiments.

Au-delà de sa consommation, la climatisation a un impact sur l’augmentation de la température urbaine (rejet d’air chaud à l’extérieur) ainsi que sur le potentiel rejet dans l’atmosphère de fluides frigorigènes à potentiel de réchauffement important.
> Découvrez notre billet de blog CRREM

L’éclairage arrive en troisième position avec 11% de la consommation en moyenne. Les luminaires des actifs tertiaires sont remplacés au fur et à mesure par de la LED, technologie la moins consommatrice à l’heure actuelle. Une bonne gestion de l’éclairage peut également engendrer des économies (détection de présence pour les locaux à intermittente, plannings horaires d’extinction, etc.)

L’informatique bureautique représente en moyenne 10 % des consommations. Il est important de ne pas sous-estimer les consommations liées à la veille des ordinateurs et autres équipements.

Les auxiliaires de CVC (Chauffage Ventilation Climatisation) qui comprennent les pompes de circulation et les émetteurs (ventilo-convecteurs, cassettes, etc.) représentent 9 % des consommations en moyenne. Ces derniers sont corrélés à l’utilisation du chauffage et de la climatisation au sein d’un bâtiment.

Le poste ventilation qui reprend la consommation des extracteurs sanitaires et des Centrales de Traitement d’Air (CTA) des bureaux représente en moyenne 8% des consommations. En cas de débit de renouvellement d’air mal ajusté, une CTA peut engendrer d’importantes consommations liées aux ventilateurs et aux déperditions thermiques (renouvellement d’air). Une ventilation double-flux avec récupération de chaleur efficace permet de réduire les consommations sur le poste chauffage.

Pour une analyse plus détaillée, le benchmark permet également de comparer les postes de consommation en fonction de leur année de construction.

2.2 -> Evolution des consommations par poste

Le diagramme en boîte ci-dessous représente la consommation d’énergie finale par poste de consommation par m². Ce type de diagramme a l’avantage de permettre de visualiser la distribution des valeurs, de connaitre la médiane, les quartiles et la moyenne et d’identifier les valeurs aberrantes.
Répartition des consmmations pour chaque poste (chaque point représente un actif)

Le graphique ci-dessus représente chaque bâtiment par un point ; ce qui permet de distinguer les différences entre eux. Les consommations liées aux postes chauffage ou climatisation varient considérablement d’un bâtiment à l’autre, en raison des différents systèmes de production (chaudière, pompe à chaleur, effet joule, etc.) mais aussi des variations dues à la régulation (présence d’une GTB/GTC, absence de régulation, etc.).
Cette variabilité souligne l’importance des audits énergétiques pour identifier les spécificités de chaque bâtiment.

Si l’on analyse le graphe toutes années confondues, on observe que :

Par ailleurs, les médianes des postes chauffage et climatisation ont été comparés pour 3 typologies différentes (basées sur l’année de construction/rénovation) : bâtiments haussmanniens, années 2000, années 2010-2020.
1è consommateur : bureaux haussmanniens
Médiane à 85 kWh/m²

2ème consommateur : bureaux des années 2000
Médiane à 49 kWh/m²

3ème consommateur : bureaux des années 2010-2020
Médiane à 30 kWh/m²

Ces résultats montrent une tendance à la baisse de la consommation énergétique pour le chauffage dans les constructions plus récentes. Ceci s’explique par les performances des équipements et de l’isolation du bâti qui se sont améliorées au fil des années et des réglementations thermiques. Cette tendance va se poursuivre avec la réglementation RE 2020.
1è consommateur : bureaux des années 2000
Médiane à 17 kWh/m²

2ème consommateur : bureaux haussmanniens
Médiane à 15kWh/m²

3ème consommateur : bureaux des années 2010-2020
Médiane à 14 kWh/m²

En revanche pour la climatisation, les bureaux des années 2000 consomment légèrement plus que les autres typologies. Ceci peut s’expliquer par la meilleure inertie des bâtiments haussmanniens et la surface vitrée importante des bureaux des années 2000.

2.3 -> Comparaison entre les différents types d’énergie utilisées

Sur les sites audités, différents types d’énergie sont utilisés pour le chauffage :
Près de la moitié des sites audités par Sinteo utilisent l’électricité comme source d’énergie pour le chauffage, avec des équipements tels que des pompes à chaleur, chaudières électriques, radiateurs à effet joule et thermofrigopompes. Environ un quart des sites audités utilisent du gaz et un quart l’énergie provenant d’un réseau de chaleur urbain.

Ces données sont à nuancer avec la localisation des actifs audités lors des campagnes dont beaucoup sont situés en Ile-de-France où les réseaux urbains sont très déployés. En effet, selon le SDES, Bilan énergétique de la France, la chaleur commercialisée représente seulement 4% de la consommation énergétique tertiaire 2022.
Ces énergies représentent un impact carbone différent :
Consommation (enkWhEF) Equivalent CO2
1 kWhEF d’électricité

1 kWhEF de gaz

1 kWhEF de réseau urbain
0.064 kgreqCO2

0.227 kgreqCO2

0.171 kgreqCO2 (pour CPCU, réseau urbain de Paris)

Sources :
– Electricité/gaz : Arrêté méthode du 10 avril 2020 publié dans le cadre du dispositif Eco-Energie Tertiaire
– Réseaux de chaleur et de froid urbains : Arrêté du 16 mars 2023 avec prise en compte des valeurs de la colonne Contenu CO2 « ACV » (aussi nommée « Location Based »).

En France, l’électricité, principalement d’origine nucléaire, est l’énergie la moins émettrice de CO2. Le gaz, en revanche, est la plus carbonée des énergies couramment utilisées dans les bureaux. L’empreinte carbone des réseaux de chaleur urbains varie en fonction du type de réseau et des sources d’énergie utilisées. Leur principal avantage réside dans la valorisation des ressources locales, telles que les énergies renouvelables, la géothermie, la chaleur résiduelle d’autres activités, ainsi que l’énergie issue des déchets et de la biomasse.

En fonction des sites audités, des faisabilités et des réglementations, il peut être préconisé différents systèmes de chauffage, principalement l’installation de pompes à chaleur ou un raccordement au réseau de chauffage urbain.
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Rappels réglementaires

Si un actif se situe en zone de développement prioritaire, le raccordement au réseau de chaleur urbain est obligatoire en cas de travaux de rénovation importants des systèmes de production, des dérogations étant possibles. Cette notion est inscrite au Code de l’Energie.

Les réseaux urbains, leurs caractéristiques techniques et les zones de développements prioritaires sont recensés sur le site France Chaleur Urbaine.

3. En conclusion

L’analyse des consommations par poste offre une base pour identifier les opportunités d’amélioration et d’économies d’énergie. Les résultats du benchmark révèlent des tendances qui peuvent guider les décisions stratégiques en matière de rénovation et d’optimisation des systèmes énergétiques.


Cette manne conséquente de données collectées, nous permettra, demain, d’effectuer d’autres analyses qui tiendront compte à leur tour de la géographie, de l’impact carbone et d’une multitude d’autres facteurs.


To be continued…

4. Glossaire

Un audit énergétique vise à établir et à planifier un programme d’actions (travaux, optimisation régulation, sensibilisation) dans le but de diminuer les consommations d’énergie et d’améliorer la performance environnementale du patrimoine bâti.

Auxiliaires de CVC : Les auxiliaires de CVC (Chauffage, Ventilation et Climatisation) sont des équipements secondaires qui contribuent au fonctionnement des systèmes CVC principaux. Les auxiliaires de CVC comprennent les ventilateurs, pompes, et autres équipements qui soutiennent le fonctionnement des systèmes de chauffage, ventilation et climatisation, sans être les composants principaux. Leur rôle est essentiel pour assurer la circulation de l’air et des fluides, ainsi que le contrôle des systèmes CVC.

Energie primaire : « L’énergie primaire est l’ensemble des produits énergétiques non transformés, exploités directement ou importés. Ce sont principalement le pétrole brut, les schistes bitumineux, le gaz naturel, les combustibles minéraux solides, la biomasse, le rayonnement solaire, l’énergie hydraulique, l’énergie du vent, la géothermie et l’énergie tirée de la fission de l’uranium. » définition de l’INSEE

Energie finale : « L’énergie finale ou disponible est l’énergie livrée au consommateur pour sa consommation finale (essence à la pompe, électricité au foyer…). C’est sur cette base que les fournisseurs d’énergie établissent leurs factures. » définition de l’INSEE

Inertie : L’inertie thermique d’un bâtiment est sa capacité à emmagasiner et à restituer la chaleur de manière différée. Elle dépend principalement de la masse et des propriétés thermiques des matériaux utilisés dans la construction.

RIE : Restaurant inter-Entreprise